Le win-win de la couleur et de l'upcycling

"Sur les toits de Paris, bijoux colorés depuis 2011". Depuis la création de la marque la couleur a toujours été le fil conducteur de mes créations. Par ce qu'elle me permet de raconter des histoires et de donner corps à toutes les images qui inspirent mes collections. Et tout simplement par ce que la couleur c'est la joie et que j'adore ça!

Un peu de mon histoire... Au fil des années, d'abord par économie, j'ai pris l'habitude d'essayer d'écouler mes stocks des perles que j'achetais, en les exploitant de manière différente au fil de mes collections. J'ai ensuite eu l'opportunité de mettre la main sur des lots uniques de perles anciennes puis de bijoux des années 90. Déjà petite je bricolais à partir de tout ce que je trouvais dans les tiroirs de ma maman... Mon créativité, je l'ai vite compris, est à son maximum quand il s'agit de créer à partir de l'existant, pas de page blanche quand il suffit de commencer par tester des combinaisons et que les idées arrivent ensuite naturellement jusqu'à l'état de flow.

Pour moi l'upcycling n'est pas la finalité, mais un moyen créatif et vertueux de créer des bijoux colorés, et je vais vous expliquer pourquoi.

L'upcycling c'est tendance dans l'art, la mode, la déco... Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous, nos grand-mères fabriquaient déjà des robes à partir des rideaux mais il n'y avait pas instagram pour en faire un spectacle réjouissant. Rempart à la fast-fashion, des idées astucieuses, étonnantes et intelligentes popent partout. Avec aussi leur lot d'opportunisme et de greenwashing en revers de la médaille. L'upcycling est décliné et servi en beaucoup de sauces. Entre créer avec "des fins de rouleaux de maison de luxe" (un source qui ne semble jamais tarir) et valoriser de la fripe ou des textiles d'autres industries, l'intention et les efforts sont différents. La finalité est pourtant commune : vendre de nouveaux produits! Porter le regard sur l'ensemble du cycle de vie d'un produit et l'économie qui l'intègre n'est pas simple. Malgré tout chaque petit geste compte et il est excitant pourtant de voir que l'upcycling se démocratise! Et s'il y a bien un domaine de nécessité non première (quoique?) dans lequel l'upcycling est bienvenu, c'est le bijou! Quand on ne sait pas dans quelles conditions sont fabriquées les perles, comment sont extraits les pierres et le métal, souvent en Asie, et alors qu'il existe déjà tant de matière en sommeil, pourquoi en produire toujours plus?

Upcycling de bijoux mode d'emploi : 

Surcycler des bijoux demande beaucoup de travail. Il faut brasser des chaînes emmêlés, les fils élastiques distendus, du métal oxydé, des perles mélangées... passer des heures à les trier, les nettoyer et les désosser... mais la satisfaction de l'avant-après est à la hauteur des efforts fournis! L'un des enjeux de l'exercice, quant il s'agit ensuite de vendre des produits upcyclés, c'est d'identifier aux mieux les matériaux que l'on va ensuite réutiliser. Voici comment je procède :

Upcycling des matériaux colorés : Ils se déclinent à l'infini et chaque décennie a sa palette de nuances et de matières. Avec le temps j'ai développé mon oeil et je repère tout de suite sur un étal les couleurs chaudes et lumineuses qui collent au style de Sur les toits de Paris... Ensuite c'est en manipulant et en soupesant les perles et pierres que je me fais une idée des matériaux et de leur qualité. L'oeil averti distingue le verre et la résine du plastique, identifie les pierres naturelles ou celles, comme l'agate et la howlite, qui peuvent être teintées pour en imiter d'autres comme la turquoise. 

Avec mes collections de kits semainiers pour collier ou kits semainiers pour boucles d'oreilles créoles, tous uniques, je peux réutiliser aussi bien les petites perles que les plus grosses, je peux m'amuser sans limite à marier les teintes et les formes sans me lasser... Et j'adore ça! 

Upcycling des éléments en métal : Là c'est plus difficile.

>>> Déjà il y a le risque, lorsque ce sont des bijoux fantaisie anciens, que l'alliage utilisé contienne du nickel. Ma peau  allergique l'identifie très rapidement si je teste les éléments en les portant en bracelet une journée! J'ai eu quelques déceptions déjà comme cela... Mais des éléments contenant du nickel peuvent éventuellement être réemployés sur une ceinture ou un porte-clés qui ne seront jamais en contact avec la peau.

>>> Pour les chaînes il existe une très large variété de composants et de finitions de qualités très diverses. L'acier inoxydable n'est pas toujours évident à distinguer du laiton argenté, ou du bronze blanc... Le zamac et l'aluminium sont des matériaux très légers mais cassant pour le premier, rayable pour l'autre donc pas adaptés à tous les usages. L'épaisseur et la durabilité d'une dorure sont très variables - du simple "flash" d'un micron au plaquage de 3 ou 5 microns. Souvent, tout de même, la qualité des finitions (présence de parties soudées, boucles régulières vs anneaux mal fermés, breloques montées à la va-vite) va de pair avec celle de la matière utilisée. À l'atelier je n'hésite pas à découper et limer les anneaux des chaînes que je déniche pour en examiner la matière, et à décaper les chaînes oxydées. Et lorsque je trouve de belles mailles en laiton qui m'inspirent un collier, je peux alors les nettoyer et les faire redorer.  Ci-dessous vous pouvez voir que le laiton brut a des teintes pouvant aller du orange au jaune (car c'est un alliage de cuivre et de zinc en proportions variables)

>>> Je ne peux cependant pas valoriser tout le métal que je récupère. Pour les apprêts qui entrent dans la composition des bijoux que je propose en petites séries, je préfère donc travailler avec des apprêts en laiton que j'achète chez le même fournisseur et que je fais dorer à Paris, ce qui m'assure des dimensions et une  qualité constantes (des anneaux avec une coupure nette et propre, les fermoirs avec un ressort solide...) et une couleur et une brillance les plus homogènes possible. 

>>> Les chaînes que je n'ai pas encore utilisées sont mises à disposition dans mes ateliers upcycling. Je récupère aussi le maximum d'anneaux et fermoirs que je trie par couleur et taille. Des participantes laissent souvent des restes de leurs bijoux cassés pour mes boîtes, participant ainsi à la circularité de la matière!